Les activités humaines : principales causes de l’érosion des sols alpins italiens

Des scientifiques de l’Université Savoie Mont Blanc (USMB), de l’Université Grenoble Alpes (UGA), de l’Université de Rouen Normandie (URN), du CNRS et de l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP) montrent pour la première fois que les activités humaines sont le principal facteur d’érosion des sols dans les Alpes italiennes au cours des deux derniers millénaires. Le développement de l’agriculture et du pastoralisme ayant entraîné une augmentation par deux des taux d’érosion. Cette étude a été publiée le 15 septembre 2021 dans Quaternary Science Reviews.

L’érosion est un processus géologique à l’origine de la dégradation des sols. En déplaçant la matière présente dans les sols et les roches, l’érosion affecte principalement la zone critique, définie comme la mince pellicule superficielle de la Terre et appelée ainsi car elle est le lieu de développement de la plupart des formes de vie terrestres mais aussi des sociétés humaines.

Au fil des siècles, l’intensité de l’érosion a évolué en fonction des fluctuations climatiques et de l’utilisation des terres. L’Europe et les Nations Unies ont classé l’érosion et la perte des sols comme l’une des principales menaces pour l’humanité. Elle affecte notamment, de façon indirecte, la production alimentaire, la qualité de l’eau et la biodiversité. Il est donc primordial de comprendre et quantifier l’impact du climat et des activités humaines sur l’érosion des sols, pour améliorer la gestion de cette ressource, en particulier dans les zones de montagne où le phénomène d’érosion est très élevé.

Publiée le 15 septembre 2021 dans la revue scientifique Quaternary Science Reviews, cette étude[2] a permis de reconstituer les taux d’érosion dans le Nord de l’Italie au cours des deux derniers millénaires. L’article a été écrit suite à la soutenance de thèse de Monsieur William Rapuc sur la thématique « Les grands lacs périalpins : archives du fonctionnement de thèse intitulés » en juin 2021 sous la direction des chercheurs du laboratoire EDYTEM, Fabien Arnaud et Pierre Sabatier et de Jérôme Gaillardet, professeur à l’Université de Paris.

Les recherches ont été menées à partir des sédiments du lac Iseo. Ce lac est le point de convergence des cours d’eau d’un territoire montagneux de 1 777 km² que l’on appelle bassin versant. Au cours de l’érosion, de petites particules se détachent des roches ou du sol et sont mises en suspension dans l’eau. Tous les sédiments déplacés lors de l’érosion du bassin versant nord italien se déposent alors dans le fond du lac Iseo.


Taux d’érosion dans le bassin versant du lac Iseo situés dans le nord des Alpes italiennes. Nous comparons ici les avancées et reculs glaciaires de la Mer de glace avec les taux d’érosion de la zone de haute altitude du bassin versant du lac Iseo, taux d’érosion interprétés comme étant dépendant des avancées et reculs glaciaires et des précipitations. Nous représentons ici aussi les chroniques de déforestations connues dans le bassin versant du lac Iseo, ainsi que l’évolution de la population italienne au cours des deux derniers millénaires. L’érosion de la partie anthropisée du bassin versant du lac Iseo augmente pendant les périodes d’activités humaines intenses (déforestation, agro-pastoralisme) et a plus que doublé depuis la période romaine.

Référence

Quantitative evaluation of human and climate forcing on erosion over the last 2000 years in northern Italy. William Rapuc, Julien Bouchez, Pierre Sabatier, Kim Genuite1, Jérôme Poulenard, Jérôme Gaillardet and Fabien Arnaud, Quaternacy Science Reviews

Contact scientifique local

William RAPUC, chercheur au laboratoire EDYTEM (USMB/CNRS)

► Cet article a été publié par l’USMB.